•                                                                                     À Mademoiselle Yvonne M...

        Yvonne sérieuse au visage pâlot
        A pris du papier blanc et des couleurs à l'eau
        Puis rempli ses godets d'eau claire à la cuisine.
        Yvonnette aujourd'hui veut peindre. Elle imagine
        De quoi serait capable un peintre de sept ans.
        Ferait-elle un portrait ? Il faudrait trop de temps
        Et puis la ressemblance est un point difficile
        À saisir, il vaut mieux peindre de l'immobile
        Et parmi l'immobile inclus dans sa raison
        Yvonnette a fait choix d'une belle maison
        Et la peint toute une heure en enfant douce et sage.
        Derrière la maison s'étend un paysage
        Paisible comme un front pensif d'enfant heureux,
        Un paysage vert avec des monts ocreux.
        Or plus haut que le toit d'un rouge de blessure
        Monte un ciel de cinabre où nul jour ne s'azure.
        Quand j'étais tout petit aux cheveux longs rêvant,
        Quand je stellais le ciel de mes ballons d'enfant,
        Je peignais comme toi, ma mignonne Yvonnette,
        Des paysages verts avec la maisonnette,
        Mais au lieu d'un ciel triste et jamais azuré
        J'ai peint toujours le ciel très bleu comme le vrai.

                                                                        Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)


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  •  "Tu écris
    Et moi je peins ma vie
    Je mets du ciel au milieu des ratures
    Tu écris
    Et moi je peins ma vie
    Polichinelle à la triste figure
    Je peinturlure." 

    C. Lemesle - R. Candy - S. De Lettrez

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